9 Juin 2001 au 5 Juillet 2001 - Logo du Pérou


I-c - Voyage.
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(Dernière mise à jour : 16/08/2001)

  1. Soirée folklorique au Musée de la Nation - le 10/06 - (28/06/2001)
  2. Lima - Trujillo : La traversée du Désert! - le 11/06 - (16/08/2001)
  3. Trujillo: immersion dans les cultures Chimu et Moche - (16/08/2001)
  4. Interrogatoire-Négociation avec la police de Tingo - (28/06/2001)
  5. Balade en 4x4 de la police péruvienne - (28/06/2001)
  6. La vallée archéologique de Chachapoyas - (16/08/2001)
  7. La grande traversée - (28/06/2001)
  8. Cajamarca la bourgeoise - (16/08/2001)
  9. Huaraz et ses environs - (16/08/2001)
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I-c-a - Soirée folklorique au Musée de la Nation - le 10/06
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(Dernière mise à jour : 28/06/2001)

Notre logeur à Lima dans le quartier Miraflores nous a vivement conseillé de nous rendre, en ce 2ème jour sur la terre péruvienne, et pour nous remettre de nos émotions, vers 17heures au Musée National de la Nation pour assister à un spectacle de danses folkloriques.
Ces spectacles ont été mis en place récemment et présentent la particularité d'exposer aux péruviens de la capitale (le spectacle n'est pas très fréquenté par les touristes) un aperçu de la diversité des folklores régionaux.
Le cadre est stalinien mais la salle est bondée de familles en ce dimanche après- midi.
Le spectacle dure environ 2 heures ponctuées par un entracte à mi-parcours. Les musiciens et danseurs sont brillants et nous avons le droit à une version impressionnante de "El Condor Passa".
Les physiques et couleurs des danseurs témoignent bien de l'immense variété des peuples de ce pays. Nous ne pouvons pas faire de distinction mais nous avons hâte de partir à leur rencontre.

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I-c-b - Lima - Trujillo : La traversée du Désert! - le 11/06
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(Dernière mise à jour : 28/06/2001)

En ce lundi matin, 9 heures de route nous séparent de notre destination : Trujillo la 2ème ville du pays qui reste 12 fois plus petite que sa grande sœur la capitale.
Nous avons choisi une compagnie de bus assez confortable pour ce premier trajet qui emprunte la panaméricaine et n'a rien à envier aux grands bus internationaux des Etats-Unis ou d'Australie. La compagnie s'appelle Ormeno.

La sortie de Lima donne la nausée tant le contraste avec le quartier chic de Miraflores est saisissant. "Los Jovenes" les bidonvilles des alentours s'étendent sur des dizaines de kilomètres souvent au flanc de collines arides qui sortent de la brume côtière et de la pollution au dernier moment tels des navires fantômes.

Les encarts de propagande politique (d'actualité ou non) prennent des proportions gigantesques à flanc de collines et ont des formes variées. Souvent ce sont des cailloux blancs peints à même le sol qui donnent la réplique aux fameuses lignes de Nazca au sud du pays. (formes géométriques ou zoomorphiques qui ne peuvent être vues que du ciel)

Huaca del Sol
Huaca del Sol près de Trujillo depuis la Huaca de la Luna
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I-c-c - Trujillo: immersion dans les cultures Chimu et Moche
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(Dernière mise à jour : 12/07/2001)

La région qui longe la côte est toujours aussi désertique même à Trujillo. Toutefois la côte est ponctuée par de grands cours d'eau qui reçoivent l'eau de la Cordillère des Andes que la ligne de partage des eaux dirige vers la côte Pacifique.
Parmi ces cours d'eau, le Moche forme près de Trujillo un delta important et verdoyant. C'est cette conjonction "mer-désert-fleuve" qui explique l'installation et l'héritage de deux civilisations pré-inca de la région: les Moche puis les Chimu.

Ces 2 civilisations sont séparées de plusieurs centaines d'années et s'étalent d'environ -800 à +1400.
Les Huacas (terme inca ou espagnol pour désigner des temples de forme pyramidale à couches successives) sont construites en adobe (argile + paille) et sont nombreuses dans la région.
La "Huaca del sol" et la "Huaca de la luna" qui se font face sur un site splendide à l'écart de la ville sont superbes et proposent 6 ou 7 couches successives, qui correspondent à des prêtres successifs qui une fois enterrés dans la Huaca demandaient à ce que le niveau entier soit fermé avant qu'à l'étage supérieur un nouveau lieu de culte soit édifié.

Huaca de la luna

plan de masse légende
Plan_Huaca-de-la-luna
  • (1) Centre des visites
  • (2) Place des sacrifices humains
  • (3) Mur Est du patio avec reliefs
  • (4) Mur Sud du patio avec reliefs
  • (5) Mur Ouest du patio avec reliefs
  • (6) Patio avec bas reliefs
  • (7) Façade extérieure nord de la Huaca de la Luna

L'érosion et les pillages ont considérablement endommagé ces lieux historiques mais des travaux importants ont été engagés depuis quelques années (nous avons même pu apercevoir un archéologue français) et permettent à la "Huaca de la luna" d'avoir une bonne idée de la structure en couches de l'édifice, avec de superbes peintures et sculptures ainsi que de nombreuses sépultures et leurs ornements.

Mur décoré Huaca de la Luna
Mur décoré sur le niveau supérieur de la Huaca de la Luna
Le décor est absolument époustouflant et la brume côtière est angoissante. On se croirait quasiment en Egypte si ce n'est que le soleil ne brille absolument pas.
Le musée de Trujillo au cœur de la ville présente cartes, croquis et explications qui permettent de comprendre la préhistoire et les civilisations de la région. On retiendra notamment une excellente reconstitution de la "Huaca de la Luna" comme les spécialistes l'entrevoient actuellement.
De l'autre côté de Trujillo s'étend le fabuleux site de Chan Chan ou plutôt le fabuleux tas de débris d'adobe de Chan Chan.
Les Chimu ont construit la plus grande ville d'adobe du Monde qui a pu regrouper selon les spécialistes jusqu'à 65.000 personnes au 10-14ème siècle.
Neufs grands palais de la taille du Louvre ponctuaient cette immense ville et seul le palais "Tschudi", un des derniers a avoir été construit demeure visitable dans des conditions correctes.

Aujourd'hui la panaméricaine passe au milieu de l'ancienne ville.
Là encore les similitudes avec l'Egypte dans les proportions sont saisissantes même si le style d'adobe n'a pas pu résister au temps et qu'il n'existe pas de statues. Seuls des ornements à même l'adobe demeurent comme signe de décoration. Le palais "Tschudi" est un véritable labyrinthe de passages, places, corridors, petites pièces qui se succèdent au long d'un circuit d'une bonne heure à pied.

Le musée de Chan Chan vaut vraiment le détour et offre dans une salle qui ne se visite visiblement qu'à la demande une reconstitution vidéo/maquette du site au mieux de sa forme.
IMPRESSIONNANT.

Je passe sur les "Huacas Arco Iris" et "Huaca Esmeralda" qui se situent en centre ville et où les guides n'étaient franchement pas tres intéressants et les aspects très répétitifs et bien moins époustouflants que la "Huaca de la Luna".

Fresque de la Huaca Arco Iris
Fresque de la Huaca Arco Iris dans Trujillo
Pour se déplacer sur tous ces sites éloignés, le bus offre la solution la plus économique mais la plus contraignante. Le taxi négocié à la journée (60 sols après 1 h de négociation) est le plus pratique à n'en pas douter.

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I-c-d - Interrogatoire-Négociation avec la police de Tingo
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(Dernière mise à jour : 28/06/2001)

Nous avons quitté Chachapoyas en altitude pour la toute petite ville digne d'"OK Coral" de Tingo en fond de vallée a environ 1500m d'altitude.
A peine installés dans un hôtel dont je parle spécifiquement sous la rubrique "Portraits", nous rencontrons un "lettré" qui a visiblement participé à la construction des lieux et qui s'investit aujourd'hui dans le tourisme et la connaissance archéologique et historique de la région des Chachapoyas.

Un peu coincés à Tingo dans ce fond de vallée où un poste de contrôle de Police existe visiblement depuis des années nous nous laissons aller au rythme des quelques habitants du cru. Nous cherchons et discutons avec la personne rencontrée un moyen de transport pour aller à Kuelap, une citée forteresse pré-Inca. Notre guide d'un jour va nous en trouver un inattendu.

Rappel: La police péruvienne est très mal payée mais l'ancien président Fujimori avait décidé d'offrir à la plupart des postes de Police du pays un véhicule Toyota Land Cruiser V8 toutes options (le véhicule de loin le plus luxueux disponible au Pérou)

Notre objectif va être de négocier que la Police locale de Tingo nous conduise à quelques kilomètres du site de Kuelap distant de 35km environ par une très mauvaise route et qui s'élève de plus de 1600m depuis le point où nous nous trouvons.

Notre guide s'assoit à droite, nous, nous alignons tous les trois comme des accusés sur un banc face au chef de la Police locale et à notre gauche le sous-chef.
Le chef ne s'adresse à nous que dans un espagnol très difficile à comprendre ce qui oblige notre guide à nous répéter dans la même langue mais beaucoup plus lentement et distinctement. Le chef de la police n'a pas l'air de s'offusquer de ce mode de communication.
Finalement tout le monde s'entend sur un prix, une heure de départ et la destination.
Comme toujours ce sont les trois éléments clefs qui se négocient systématiquement avant chaque décision d'achat au Pérou.

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I-c-e - Balade en 4x4 de la police péruvienne
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(Dernière mise à jour : 28/06/2001)

C'est le sous-chef de la police péruvienne de Tingo qui nous emmène finalement en ce début de matinée.
Tout nous sera possible lors de cette fabuleuse balade d'une heure environ. Autorisation de filmer, musique européenne tonitruante sur un poste radio flambant neuf, droit de faire fonctionner la sirène, conduite sportive sur une route de montagne défoncée à bord de ce véhicule tout confort. Le sous-chef est un vrai gamin qui sort rarement du village et qui est tout content de nous faire une petite démonstration et qui doit vraiment sortir de l'ordinaire pour lui.

Bien évidemment ce mode de transport inattendu n'est pas à recommander à tous dans des guides de voyage mais il fait partie de la panoplie des systèmes "d" que nous avons utilises au Pérou pour nous déplacer.

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I-c-f - La vallée archéologique de Chachapoyas
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(Dernière mise à jour : 02/07/2001)

Depuis longtemps (préhistoire) le Pérou semble morcelé en plusieurs influences, contrées, civilisations qui ont eu leur zone géographique et d'extension relativement bien décrite par les archéologues et historiens modernes. Toutefois il semble qu'un long travail reste à accomplir de ce point de vue et que l'absence d'écriture dans la plupart des cas rend difficile la bonne connaissance des us et coutumes.

On parle souvent au Pérou des Incas et Pré-incas, un Pré-inca pouvant désigner un contemporain des Incas mais ayant préservé une culture distincte et qui aurait été conquis totalement ou partiellement par les Incas.
Nous nous sommes plongés avec délectation durant plus d'une semaine dans ce contexte Pré-inca avec les Chachapoyas qui compte tenu de leur positionnement géographique très au nord n'ont connu la domination inca que 60 ans avant la chute de l'Empire face aux Espagnols.

Il ne reste pas grand trace des Chachapoyas dans la ville du même nom mais plutôt dans un certain nombre de sites alentours que l'on peut visiter à partir de Chachapoyas à la journée ou sur plusieurs jours pour les plus éloignés vers le sud.

église de Chachapoyas
Place et vue du clocher de l'église de Chachapoyas

a)- Levanto

A 20 km de Chachapoyas, cette petite ville nous est apparue sous un jour intéressant grâce à un chauffeur de taxi que nous avions pris pour nous conduire à un col sur la route du village et que nous avons finalement gardé pour toute la journée comme guide, tant il était brillant et sympathique.

ruines chachapoyennes à Levanto
Premières ruines chachapoyennes à Levanto
Après la visite de ruines dans une jungle dense à la mode des archéologues d'un film d'Indiana Jones, nous avons poussé jusqu'au magnifique petit village de Levanto où se trouve à peu près conservée une des premières églises construite par les Espagnols en terre péruvienne.

Sur place un archéologue canadien a reconstitué une "casa redonda" habitat circulaire dominé par un immense toit conique de chaume utilisé par les Incas.
Les Incas possédaient des structures d'édifices carrés alors que les Chachapoyas utilisaient des structures circulaires.

Nous avons pu visiter un nouvel hôtel mis en oeuvre par un Américain construit lui aussi en forme de "casa redonda" traditionnelle avec un chauffage central au bois.
Cette intrusion du modernisme est surprenante mais faite avec bon goût à la surprise des habitants du village isolé.

hôtel de Charles Motley
Un des deux bâtiments de l'hôtel de Charles Motley à Levanto
De nombreuses ruines peuvent être visitées et le gérant de l'hôtel aura été un excellent guide au milieu du village où le dimanche est consacré à un des sports nationaux: la descente de bière ou de Jugo de cana fermenté et alcoolisé.

b)- La forteresse de Kuelap

Je ne reviens pas sur le mode de locomotion utilisé (voiture de la police nationale péruvienne) car largement décrit auparavant. Dès que la voiture nous a quittés nous nous sommes mis en chemin pour une bonne heure et demi de randonnée par la route puis par un sentier jusqu'à la forteresse de Kuelap située à plus de 3100m d'altitude.
Il faut vraiment arriver près de cette ville fortifiée pour appréhender ses dimensions et sa structure. Avec plus de 600m de long et 150 m de large cette structure est un édifice majeur du Pérou après le très touristique Matchu Pitchu inca près de Cuzco.

Cette forteresse abritait jusqu'à 430 habitations soit approximativement 2500 personnes. Sa période de construction n'est pas très précise mais elle a sans doute été utilisée sur une durée de plusieurs siècle avant l'arrivée des Incas à la fin du 15ème et celle des Espagnols en 1532.
Réputée imprenable cette forteresse tomba faute de ravitaillement en eau et nourriture, une fois la route d'alimentation coupée par les Incas.

Jipe & guide à Kuelap
Jean-Philippe et le guide remontent par la porte principale en direction du point de défense
Elle est composée de 4 niveaux distincts tous accessibles par un petit goulet étroit de pierre entre 2 murs impressionnants et facilitant sa défense.
Le flanc Est constitué d'un mur d'enceinte massif atteignant plus de 13m de haut connaît un pendant naturel du côté Ouest puisque le site est construit au bord d'une falaise de plus de 100m facilitant la défense du côté Ouest.
Visiblement ordonné en fonction des grades sociaux ou fonctions les 4 niveaux sont très distincts le premier étant le plus grand et ayant connu le plus de remises en état et défrichements.

Le site de Kuelap n'est pas encore classé par l'Unesco, le nombre de visiteurs est encore très faible, pas plus de 5 à 10 personnes par jour et a maintenu sa structure comme elle a été retrouvée quelques dizaines d'années plus tôt.
Pas de reconstructions massives, maintien de la végétation sur place à la demande des botanistes locaux.

La visite du site est passionnante surtout avec un guide de l'INC (Instituto National de Cultura) et prend au minimum 2h30 tant le site est étendu et complexe dans sa construction.

c)- Carajia et Pueblo de los muertes

Au nord-ouest de Chachapoyas à environ 40 km 2 villages difficiles d'accès par la route permettent d'accéder à deux sites archéologiques majeurs après plus d'une heure de randonnée chacun.

Sarcophages à Carajia
Sarcophages conservés à flanc de falaise de Carajia (Pré-Incas)
Le premier "Carajia" est une falaise impressionnante sur laquelle sont placés des sarcophages en argile peints (une quinzaine en tout) disposés à plus de 20 m du petit chemin en contrebas.
Ces sarcophages sont parmi les seuls de cette vallée à ne pas avoir été pillés par les Huaqueros. (les chasseurs de trésor) Ils sont de taille humaine et conservent selon les scientifiques qui les ont étudiés, des momies et divers objets funéraires.
Entourés de merveilleux paysages agricoles le site est vraiment enchanteur.

Le second "Pueblo de los muertes" est angoissant. Après plus de 45 minutes de descente escarpée (qu'il faudra remonter à un moment ou à un autre) nous accédons là encore à une falaise cette fois placée dans un cirque magistral avec plus de 1000m d'à-pic.
Une petite ville troglodyte se dresse à flanc de paroi dans des tons uniformes qui ne la rendent visible qu'au dernier moment.
Le cimetière et ses sarcophages ont été pillés car trop faciles d'accès mais le petit village se visite dans des conditions qui sont loin d'être touristiques.

Le chemin qui dessert chacune des maisons accrochées le long du rocher, du fait de l'érosion ne mesure que quelques centimètres de large par endroit et de loin on peut se rendre compte que les fondations du chemin sont construites dans le vide et datent de plusieurs siècles. Nous avançons avec prudence et ne sommes pas mécontents de retrouver le chemin escarpé qui nous conduit à notre taxi-brousse.
Les maisons les mieux conservées sont les plus éloignées du point de départ et certaines possèdent des décorations murales. La vue du cirque en contrebas depuis chacune des habitations est époustouflante et on a du mal à imaginer la vie sur place sur ce chemin étroit desservant toutes les habitations et ou devaient sans doute se croiser tous les habitants.

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I-c-g - La grande traversée
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(Dernière mise à jour : 28/06/2001)

On nous avait annoncé une route difficile entre Leymebamba et Celendin, épouvantable et dangereuse pour le "Lonely Planet", une des 3 routes les plus impressionnantes d'Amérique du Sud pour un botaniste anglais au Pérou depuis 4 ans, enfin "un vrai film d'horreur" pour un backpacker péruvien rencontré à Leymebamba la veille de notre trajet.

130 km au programme avec les tronçons suivants: +1400 m de dénivelé,
-2600 m,
+2000 m
et enfin -400m en 9 heures de voyage dans un bus Volvo des années 70 peu confortable, rempli d'une quarantaine de péruviens et de 3 touristes blancs (nous).

Pas plus de passagers que de places assises, aucun chargement sur le toit, et un chargement limité en soute. Toutes ces précautions pour un voyage en enfer qu'aucun de nous n'avait imaginé dans le pire de ses cauchemars.

La montée au premier col est plutôt rassurante. Le bus gîte de 15 degrés environ parfois, crache, craque mais ne rompt pas. Passé le col à 3671m d'altitude les visages se tendent à la vue du cirque du Rio Maranon 2600m plus bas, affluent principal de l'Amazone et qui a creusé une vallée vertigineuse.
Nous sommes engagés dans une descente de plus de 4h à flanc de précipice sur un chemin pierreux et raviné à peine plus large qu'un chemin de grande randonnée en France et sur lequel je n'accepterai de cheminer qu'en me tenant assez loin du bord.

Et bien imaginez notre bus dont on se demande, s'il n'aurait pas une roue dans le vide dans certains virages, qui gîte de 15 degrés dans le vide à chaque virage, où un petit ruisseau ou un éboulement a endommagé le chemin de pierre.
Le spectacle est superbe car nous traversons absolument tous les types de végétation, du désert de cactus au bord du Rio Maranon, à la steppe d'altitude à 3600m en passant par la forêt luxuriante de palmiers vers 2600m d'altitude.
Mais la route nous paraît tellement dangereuse que bien souvent le courage nous manque pour regarder autour de nous.
Parfois le bus klaxonne dans les virages avec mauvaise visibilité. Cela nous paraît inutile car nous ne verrons aucun véhicule de toute la journée et de toute façon il y a à peine la place de faire passer un bus alors deux!
Pour ceux qui connaissent la route de Cilaos à la Réunion, celle de Leymebamba - Celendin est une départementale à côté de cette autoroute "A13bis" de nôtre département d'outre-mer.

Je recommande uniquement ce trajet aux personnes non sujettes au vertige et qui ont vraiment envie de se faire des sensations fortes. En outre le temps sec est indispensable car par temps de pluie, il faut parfois tripler le temps de parcours et dit-on les sensations!

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I-c-h - Cajamarca la bourgeoise
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(Dernière mise à jour : 02/07/2001)

Venant de Celendin à Cajamarca, nous avons pu admirer certains des paysages de plateaux les plus variés et charmants de notre voyage. A plus de 3500m d'altitude, la route prend des airs de steppe animée où de nombreux paysans s'affairent et où le bétail est roi. Battu par les vents mais toujours verdoyant le paysage est presque angoissant par instant.
Puis en descendant vers Cajamarca située à seulement 2600m d'altitude le terrain s'assèche et les champs de blé apparaissent dans d'immenses plaines blondes où seules les femmes en costumes traditionnels travaillant dans les champs donnent un peu de couleurs.

Vue de Cajamarca depuis Bella Vista
Plaine et ville de Cajamarca vue depuis le lieu dit 'Bella Vista'
Bercés par le ronron de notre bus sur une route caillouteuse nous apprendrons un peu plus tard qu'au sud un tremblement de terre important secouait fortement les villes d'Arequipa et de la côte sud le long de la panaméricaine et allait bousculer le démarrage de la saison touristique du Pérou.

La ville de Cajamarca se dévoile au dernier moment dans une grande plaine verdoyante, semble t-il bien irriguée par les reliefs environnants. Ville de plus de 100.000 habitants elle reste coquette avec deux églises sur la place d'armes. (une pour les Espagnols et une pour les Péruviens lors de leur construction)

La petite colline de Santa Apolonia avec ses marches en berceau et son église offre une superbe vue sur la ville et un lieu de promenade idéal en fin de journée.
Très touristique le quartier a des petits airs de Montmartre et nous sommes un peu déboussolés après quelques jours passés dans un isolement important dans le Nord.
Les prix augmentent, les restaurants offrent des cartes de plus en plus internationales et les cartes de crédit font leur apparition dans les magasins.

Je m'offre une visite très touristique de la ville et de ses environs. (dont notamment le site des Ventanillas d'Otuzco ancien site funéraire où les ossements étaient placés sur une falaise dans de petites fenêtres taillées dans une roche très friable)

Le lendemain nous partons pour la visite du site de Cumbe Mayo où des pétroglyphes et un canal d'irrigation datant de plusieurs siècles avant notre ère dans un site à plus de 3500m d'altitude battu par les vents nous offrent une journée mémorable sous un soleil de plomb qui heureusement vient réchauffer un peu l'atmosphère.

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I-c-i - Huaraz et ses environs
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(Dernière mise à jour : 23/07/2001)

Arrivé après 21h de bus depuis Cajamarca à Huaraz au petit matin après une nouvelle nuit dans le bus (confortable celui-ci avec la compagnie Linea que je recommande fortement entre Trujillo et Huaraz) je suis seul pour découvrir cette ville d'altitude qui a des airs de station de ski au petit matin. Mes amis sont restés 24 h de plus à Trujillo pour soigner un petit mal d'altitude naissant ou un petit coup de fatigue car les jours précédents ont été difficiles.

Ne vous attendez pas à trouver la neige à Huaraz à 3100m d'altitude car nous sommes sous les Tropiques! Toutefois le spectacle est époustouflant tant les sommets à plus de 6000m sont nombreux autour de la ville et tant ils sont alignés sur une sorte de faille nord-sud qui longe toute la vallée encaissée dans laquelle se trouve Huaraz.

Comme toutes les villes péruviennes Huaraz est désordonnée, bruyante et sale, mais à tout cela s'ajoute un côté touristique que nous n'avions pas expérimenté jusque là. Les restaurants touristiques sont nombreux, les magasins de montagnes sont surprenants, les hôtels très nombreux, les magasins des tours operators et de développements photos surgissent à chaque coin de rue et les petits supermarchés ont de la nourriture déshydratée pour les montagnards partis à la conquête des sommets les plus élevés du Pérou. (Huascaran Nord et Sud avec leurs 6700m et plus)

Il y a de quoi rester des mois à Huaraz tant on peut facilement rayonner en direction des différents sommets et tant le nombre de sommets pour les amoureux de la montagne est impressionnant!
Nous nous sommes fixés des objectifs très raisonnables pour la semaine qui me sépare de mon retour vers la France, l'objectif étant de recharger un peu les batteries tout en faisant quelques activités sportives en altitude.

1)Visite du glacier de Pastoruri, un des plus accessibles du Pérou.

Croyez le ou non mais notre venue à Huaraz coïncide avec la semaine andine à Huaraz et la tenue notamment de championnats internationaux de ski à Pastoruri.

J'ai voulu aller voir comment se présentait cette piste de ski qui démarre à 5259m et qui s'interrompt à 4900m avec la fin du glacier une petite centaine de mètres au dessus du Mont Blanc.
Je me suis résolu à prendre un tour organisé car ce point relativement inaccessible n'est desservi que par les oiseaux et les micro-bus touristiques. La route jusqu'au glacier est superbe à travers les hauts plateaux à l'assaut de la montagne andine faite de rondeurs jusqu'à 4500 puis de pics acérés et blanchis au delà.

Laguna sur route de Pastoruri
Laguna turquoise sur la route de Pastoruri
Nous avons pu croiser la Puya Raimondi, cette plante géante qui atteint avec sa fleur des hauteurs invraisemblables de plus de 10m comme en témoignent mes photos, qui est la seule représentante de son espèce et qui est rarissime sauf dans cette région. D'une durée de vie moyenne de 25 ans, elle meurt après son unique floraison. Elle est considérée comme étant l'une des espèces végétales les plus anciennes de notre planète avec la fougère notamment.

Puyas Raimondi
Puyas Raimondi sur la piste de Pastoruri
avec personnes du groupe touristique donnant une échelle de la plante
La route s'arrête donc à l'altitude du Mont Blanc et il faut continuer péniblement à pied dans les cônes de pierres jusqu'au pied du glacier pour avoir enfin la joie de fouler la neige et la glace péruvienne.
J'ai trouvé lors de l'ascension Carlos, jeune péruvien de 10-12 ans qui vit toute l'année de ses guidages de touristes à plus de 4800m d'altitude et qui n'a aucune peine à grimper à l'assaut du mastodonte de glace avec ses vieilles chaussures racornies.

Du tiers supérieur du glacier on peut apercevoir quelques uns des sommets enneigés qui nous entourent, le soleil est cuisant et aveuglant sur la glace, l'air manque mais le spectacle est fantastique. Légèrement étourdi j'emprunte le chemin inverse revigoré par le froid de l'altitude et un petit vent froid qui souffle en ce début d'après midi.

Cave de glace de Pastoruri
Cave de glace de Pastoruri à une altitude de 5000m au commencement du glacier du même nom

2)La laguna de Churup.

Embarqués de bon matin dans un bon vieux camion à bestiaux, nous partons à l'assaut de l'arrière pays de Huaraz et sa laguna émeraude de Churup.

Le camion nous laisse à 1h de marche avant Piltec départ du sentier et nous traversons quelques villages colorés où visiblement les touristes sont plus souvent de passage, après la frayeur des gens du nord du Pérou qui nous voyaient passer nous sommes confrontés à des habitants plutôt intéressés par les bonbons et autres gadgets que nous pourrions avoir dans nos poches, que voulez-vous, le tourisme fait souvent mauvais ménage avec l'esprit du voyage.

L'ascension s'avère plus difficile que prévu surtout passée la barre des 4200-4300 et surtout face à la dernière partie rocheuse dans laquelle nous ne nous sentons pas du tout à l'aise en train d'escalader des rochers glissants sans grande prise. Les péruviens locaux ont l'air beaucoup plus à l'aise, le crâne est douloureux, la tête tourne et les appuis sont incertains.

Nous décidons de faire un bon picnic avec une vue superbe sur le cirque et les montagnes qui nous entourent, nous ne verrons pas la Laguna cette fois-ci mais la marche aura été intéressante.
Au Pérou tout est beau mais tout est loin et souvent difficile d'accès.

Map-Huaraz-0-e
Rando a la Laguna de Churup

3)Les lagunas de Llanganuco.

Nous avons décidé de nous rendre sur ce lieu touristique par nos propres moyens car à trois les tarifs de taxi à la journée concurrencent les microbus touristiques avec guide et surtout nous permettent de partir plus tôt, de rentrer plus tard, et de randonner sur place à volonté.

Nous voilà partis de bon matin dans un des lieux les plus enchanteurs de notre voyage dans un canyon époustouflant à plus de 4000m d'altitude entre les 2 sommets les plus impressionnants du Pérou dont le Huascaran Nord que nous laisserons sur notre droite durant l'ascension en voiture.

Arrivès dans le cirque glaciaire des Lagunas de Llanganuco, le spectacle est fantastique, un sol sablonneux quasi blanc et une eau glaciaire rendent les teintes émeraude dans ces lacs d'altitude coincés à flanc de montagne. La lumière du matin est parfaite.

Laguna inférieure de Llanganuco
Laguna inférieure de Llanganuco avec le Huascaran Nord en toile de fond
Huascaran Nord et Sud
Les Huascaran Nord et Sud vus de la route de Llanganuco
Nous avons eu le temps d'apprécier les causes géologiques d'un des tremblements de terre + "alluvion" les plus meurtriers de l'histoire moderne du Pérou.
En 1970 un tremblement de 7.9 sur l'échelle ouverte de Richeter a frappé la région. Une partie importante du glacier et de la montagne du Huascaran Nord s'est détachée créant un "Alluvion" vague d'eau, de glace et de rocher qui a rayé de la carte toutes les villes de la vallée qui étaient situées en contrebas du Huascaran Nord et qui étaient situées en fond de vallée.
On peut toujours apprécier à flanc de montagne la portion de roche et de glacier qui s'est détachée du massif du Huascaran.

Map-Huaraz-2-e
Rando aux Lagunas de Llanganuco

4) Le VTT à flanc de Cordillera Negra.

La Cordillera Negra qui culmine à plus de 5000m fait face à la Cordillera Blanca.
La Cordillera Blanca située sur un axe nord sud est la plus à l'est des deux.

Nous avons décidé de faire confiance au Lonely Planet et de nous offrir une journée inoubliable de VTT à flanc de Cordillera Negra. L'intérêt est de faire du VTT à plus de 4000m d'altitude, en plein soleil, face à l'un des plus beaux massifs montagneux d'Amérique latine avec ses sommets enneigés.

Le spectacle est féérique durant l'ascension (en voiture depuis Huaraz) jusqu'à notre point de départ. Le parcours suit la ligne de niveau sur plusieurs kilomètres puis redescend en coupant à travers chemin, champs, stades de foot maisons, villages jusqu'à Huaraz. Grisant le parcours reste technique et éprouvant mais les sensations sont au rendez-vous.

Au détour d'un chemin nous assisterons même au passage d'un cortège mortuaire accroché à la montagne en ce début d'après midi.

Map-Huaraz-1-e
VTT à flanc de Cordillera negra
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